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Modeste professeur à l'Université de Naples, Vico connut en France une notoriété éphémère grâce à l'adaptation que fit Michelet de sa Science nouvelle puis retomba dans l'oubli. Pourtant il est considéré comme un classique de la philosophie en Italie , en Allemagne, en Angleterre, en Espagne et aux Etats-Unis. Il est le premier philosophe de l'histoire et en ce sens anticipe Kant et Hegel. |
Sommaire
Les sources de sa pensée.
La vie de Vico
Apport conceptuel.
La pédagogie Contre Descartes..
Le verum / factum
La philosophie de l'histoire
Les trois âges
Récurrence de l'histoire
Principales uvres.
Les sources de sa pensée.
Platon et Tacite lui semblent des modèles idéaux de la sagesse. Il y ajoutera Cicéron, Sénèque, Bacon et Grotius. Il s'opposera à la philosophie de Descartes.
La vie de Vico
Giambattista Vico naît à Naples le 23 juin 1668. Son père est un modeste libraire. Il est victime d'une grave chute vers l'âge de sept ans qui lui causa une fracture du crâne et le marquera toute sa vie. Il fait des études primaires et secondaires dans une école des Jésuites de Naples mais il étudie la philosophie en autodidacte. Il fait ensuite des études de droit à l'Université.
De 1686 à 1695 il est précepteur des enfants du Marquis de Vatolla, ce qui lui permet d'avoir accès à l'une des bibliothèques les plus riches de son temps. Il s'initie à la philosophie matérialiste (l'atomisme) et devient l'ami du cartésien Paul Mathias Doria. Il se marie avec une femme analphabète, d'un milieu très modeste, qui lui donnera huit enfants.
En 1699, il réussit le concours permettant de devenir professeur de rhétorique à l'Université Royale de Naples. A l'époque, la tradition des universités italiennes exigeait que l'année universitaire commence par un discours inaugural où le professeur précisait ses intentions pédagogiques. Les Orazioni inaugurali prononcés par Vico de 1699 à 1706 seront rassemblés et publiés en un seul volume. Parmi ces discours, se trouve le premier ouvrage de théorie des sciences, La méthode des études de notre temps
De 1720 à 1721, Vico publie son « Droit universel, ouvrage de transition qui le conduit vers sa philosophie de l'histoire. A partir de 1723, il entreprend l'écriture de son uvre majeure La science nouvelle. Ce texte, publié pour la première fois en 1725, sera profondément remanié en 1730 et parut sous sa forme définitive en 1744.
En 1728, il publie à Venise son autobiographie intellectuelle, La vie de Giambattista Vico écrite par lui-même De 1735 à sa mort il est historiographe auprès du roi de Naples Charles III. Cela ne l'empêche pas de vivre pauvrement. Malade, il quitte son poste de professeur en 1742. Il meurt le 22 janvier 1744.
En 1827, Michelet fera une adaptation de la Science Nouvelle sous le titre Principes de la philosophie de l'histoire
Apport conceptuel.
1 La pédagogie Contre Descartes.
Dans La méthode des études de notre temps, Vico se livre à une critique du cartésianisme. Ce n'est pas tant le contenu de la science des modernes (Vico en accepte les résultats) que la méthode cartésienne qui est mise en cause. L'homme est un être fini et le savoir d'un être fini ne peut qu'être imparfait. La méthode nécessaire est celle qui permet de modeler les esprits des enfants et des jeunes gens qu'on ne peut traiter comme des adultes.
On se rappelle que Descartes, dans la première Méditation, procède à un doute méthodique, hyperbolique (prendre le probable pour faux) qui le conduit à mettre en évidence une vérité première, le fameux cogito
Vico critique l'exigence d'une vérité première et refuse le doute hyperbolique : rejeter tout ce qui pourrait ne pas être tout à fait certain conduit à rejeter les choses vraisemblables comme si elles étaient fausses, ce qui montre une méconnaissance des progrès de l'éducation. Dans l'éducation, il s'agit de forger le sens commun. Or le sens commun naît du vraisemblable. Le sens commun est d'abord règle de prudence, au sens antique du terme : la sagesse pratique qui permet à l'homme de distinguer ce qui lui est utile et ce qu'il convient de faire ou ne pas faire. C'est ce qui rend la vie possible car il nous est impossible d'avoir en toutes choses une science absolument certaine. Le sens commun est utile à l'éloquence : pour convaincre un auditoire, il faut être capable de montrer la vraisemblance de ce qu'on affirme.
L'éducation doit s'appuyer sur l'imagination et cultiver la mémoire.
Certes la « morale provisoire » de Descartes ne rejette ni le vraisemblable ni l'imagination, mais ce que Vico récuse et prend pour cible est la conception de la vérité de Descartes. La vérité naît de l'éducation et non de l'exercice pur de la raison. L'histoire humaine est celle d'une éducation progressive de l'humanité. Cette éducation de l'humanité suit les mêmes voies que celles qu'emprunte l'éducation de l'individu.
Les étapes de l'éducation sont les suivantes :
- Enrichir son esprit par les arts de la conversation
- Affermir le sens commun par la prudence et l'éloquence
- Se renforcer dans la poésie et dans la mémoire pour les arts qui utilisent ces facultés de l'esprit
- Seulement après, apprendre la critique.
Contre Descartes, Vico pense que la connaissance de la nature est incertaine et la seule et unique fin des arts est de nous rendre certains que nous agissons correctement. La mise en équation de la physique lui semble un travail inutile, fondé seulement sur des coïncidences. Quant à l'utilité pratique de la physique, Vico lui oppose l'exemple d'Archimède qui a su construire d'extraordinaires machines de guerre tout en ignorant l'analyse. Bien entendu, le développement de la physique scientifique donnera tort à Vico.
: Vico critique aussi la conception cartésienne de la médecine fondée sur la théorie du corps machine.
Enfin la priorité donnée à la connaissance physique relègue au second plan la morale et la jurisprudence qui devraient avoir la première place : la méthode cartésienne éduque à la science mais non à la sagesse.2 Le verum / factum
Dieu connaît le monde parce qu'il l'« a fait toutes les choses ». L'homme, au contraire, ne peut pas toutes les connaître, même pas les comprendre. L'homme ne peut connaître que les choses qu'il a faîtes. Cette thèse (dite du verum / factum) n'est pas un pragmatisme ou une théorie de la praxis mais une limitation de la possibilité pour l'homme d'atteindre la vérité en dehors des mathématiques et de la philologie (connaissance des choses que fait l'esprit humain c'est-à-dire les choses sociales ou culturelles - La philologie chez Vico s'occupe non seulement du langage mais aussi de l'histoire, du droit, des coutumes, des peuples, des religions). Nous connaissons mieux le monde civil que le monde naturel car nous avons fait celui-là et non celui-ci. Dire que l'homme fait le monde civil ne doit pas être confondu avec la thèse marxiste selon laquelle l'homme fait l'histoire.
La thèse du verum / factum signifie donc que, contre la philosophie moderne qui s'est consacrée exclusivement à l'étude de la nature, il faut fonder une science des choses humaines qui aura un caractère de vérité supérieur à la science physique.3 La philosophie de l'histoire
La philologie est définie en 1720 comme l'étude et l'investigation concernant les fables, recherche qui concerne les mots, leur histoire et leurs usages. Comme les mots sont liés aux idées des choses, le philologue est amené à s'occuper de « l'histoire des choses » : « L'histoire rend témoignage des temps »
La Science nouvelle ne se définit pas explicitement comme « science de l'histoire » mais comme une science « relative à la nature commune des nations ». Une nation est par définition indépendante (elle a des lois, une religion qui lui est propre et, pour les défendre, des armes qui lui sont propres) ou n'est pas une nation. Comprendre comment sont nées les nations, c'est comprendre leur nature (nature, nation et naissance ont même étymologie)
Le tort de la philosophie est de n'avoir considéré Dieu que sous le rapport de l'ordre des choses naturelles alors qu'il faut considérer Dieu sous « l'aspect de la Providence » car il y a un sens caché des évènements du monde qui doit être révélé par la métaphysique.
Providence vient de divinare, deviner, c'est-à-dire comprendre ce qui est caché chez les hommes, à savoir la conscience. Cette histoire recèle un avenir (caché aux hommes) dont ils n'ont qu'une conscience obscure ou erronée. Dans l'histoire humaine, ce qui advient peut être opposé aux buts que les hommes se proposaient consciemment. La Providence divine nous garantit la possibilité de trouver de l'ordre dans le chaos des affaires humaines. L'histoire est dirigée par la Providence toute puissante mais celle-ci n'agit que par des moyens ordinaires c'est-à-dire par des actions humaines. Abandonnés au libre jeu des lois de la nature, les hommes seraient restés des bêtes. La Providence a seulement fait que ces instincts par lesquels chacun cherche son utilité propre fussent employés finalement à créer la vie sociale dans laquelle s'accomplit la « vraie nature civile » de l'homme.
La Science nouvelle est une science des principes communs à toutes les nations (alors qu'à partir de la fin du XVIII° siècle on va s'intéresser à ce qui différencie les nations, Vico ne les considère que dans ce qu'elles ont en commun) et donc elle est une théorie politique. Elle est une théorie du langage et une théorie de l'interprétation.
Nous pouvons connaître les choses humaines c'est-à-dire propres à l'activité de l'esprit humain parce que nous pouvons les comprendre « de l'intérieur ». Ainsi, nous n'avons certes pas fait le monde civil des Grecs ou des Romains mais, en vertu du principe d'égalité en nature de l'intelligence, nous pouvons comprendre les raisons et les processus mentaux de ceux qui ont fait ce monde. L'ordre des idées doit suivre l'ordre des choses. Ainsi, il y eut d'abord « des forêts, puis des cabanes, ensuite les villages, plus tard les cités, finalement les académies ». Cette connexion généalogique vaut aussi pour l'étude des mots, ceux du latin par exemple ont « presque entièrement des origines sylvestres et paysannes »
La Science nouvelle inclut l'interprétation des mythes et des fables qui deviennent autant de documents puisque « Les fables ont été des histoires vraies et sérieuses des coutumes des très anciens peuples de la Grèce » Les mythes sont vrais au sens où ils parlent de la réalité historique des peuples et ne peuvent être jugés selon nos critères. Les actions de Pâris ou Thésée étaient « réputées héroïques alors qu'avec nos sentiments présents elles semblent, comme elles le sont effectivement, des actions d'hommes scélérats. » A Achille se rattachent « toutes les propriétés de la vertu héroïque », à Ulysse celles de la sagesse héroïque etc. Les personnages des poèmes d'Homère sont des « caractères » c'est-à-dire des signes qui ont une expression imagée et au contenu abstrait. Ils sont des universaux d'une époque où l'humanité ne pense pas encore avec des universaux abstraits propres à l'intellect. En d'autres termes, Ils sont des personnifications imagées de l'état social, politique, moral, religieux, intellectuel des nations à un moment donné de leur histoire.
Puisque les temps anciens correspondent à l'enfance de l'humanité, on doit concevoir l'histoire toute entière comme l'éducation du genre humain et il faut se souvenir des préceptes de Vico qui insistent sur l'importance qu'on doit accorder à l'imagination et aux cas particuliers dans l'éducation des jeunes gens. La vérité se construit progressivement dans l'histoire humaine.
Il n'y a pas de nation sans religion, pas non plus de nation sans prohibition de l'inceste et établissement de cérémonies du mariage et pas de nation enfin dans laquelle les morts n'ont pas de sépulture. Il existe une nature humaine qui permet de comprendre l'évolution historique. Si tous les hommes empruntent les mêmes chemins, c'est parce que leurs esprits sont semblables et doués des mêmes capacités.
L'opposition de Vico aux philosophes de son époque à Spinoza, à Bayle par exemple porte principalement sur ce point : pas de nation sans religion. Vico a le mérite de saisir la religion comme fait social et non comme une affaire de foi ou de croyance ou comme une question métaphysique comme celle de l'existence de Dieu. Vico ne semble accorder qu'une importance assez mince au contenu doctrinal de la religion. L'attitude de Vico à l'égard de la religion est en fait double. D'une part il est un défenseur de la religion catholique. Il considère que c'est la vraie religion, complètement dévoilée aux hommes quand ils sortent de la barbarie. Mais le Dieu de Vico est aussi une Divinité qui conduit le processus mondain de l'histoire, entendue comme dépassement de la barbarie et conquête de la civilisation. Vico aborde la religion en savant, la considérant objectivement dans ses fonctions politiques. L'âme humaine étant imparfaite il faut des institutions qui contraignent ou persuadent les hommes de la nécessité d'obéir aux lois. C'est dans la religion que les hommes découvrent les règles de la vie civilisée.
En ce qui concerne le mariage, la domination de la femme aurait son origine dans la volonté des mâles de s'assurer d'une descendance certaine. C'est encore pour s'assurer dans les familles la certitude de la descendance qu'il faut se garantir contre « l'infâme communauté des femmes » et de cette certitude de la descendance peuvent naître des lois sur les testaments qui permettent de protéger la société contre « l'infâme communauté des choses ». Famille et propriété ont partie liée et constituent les fondements de l'Etat.
Le culte des morts figure parmi les institutions premières sur la base desquelles s'élève le droit civil dont la première forme est la propriété de la terre : on possède la terre où on a enterré ses ancêtres.
Il y a un sens à l'histoire. L'histoire est orientée vers le progrès. Les intérêts économiques (et égoïstes) des humains jouent dans cette histoire un rôle clef. « L'homme aime principalement sa propre utilité. » et c'est pourquoi l'économique (au sens premier de la bonne direction de la maison) a une place importante dans l'évolution historique. Il n'y a pas de société humaine, d'histoire humaine sans que soient assurées les conditions de la production et de la reproduction de la vie humaine. Les premières formes sociales s'instituent selon deux causes : l'aiguillon di désir qui pousse au mariage et l'intérêt économique. La propriété n'est pas un rapport abstrait de l'homme aux choses mais un rapport social qui lie les hommes entre eux et c'est pourquoi elle constitue le noyau du droit civil.4 Les trois âges.
Vico limite son ambition à l'histoire des nations païennes c'est-à-dire des nations issues de ceux des enfants de Noé qui connurent l'errance après le déluge et perdirent leur ancienne sagesse venue d'Adam. Pour le dire autrement, il y a deux histoires :
- L'histoire d'avant le déluge universel qui est écrite dans la Genèse et donc dont il n'y a rien à dire de plus.
- L'histoire d'après le déluge dans laquelle naissent les nations païennes à partir des fils de Noé (Sem, Ham et Japhet). C'est cette dernière que Vico théorise.
Pour cela, il reprend aux anciens Égyptiens l'idée des trois âges : âge des dieux, âge des héros, âge des hommes qui correspondent à trois sortes de gouvernement (théocratique, aristocratique, république populaire ou monarchie).
a) L'âge des dieux.
Les fils de Sem, Ham et Japhet errent sur une terre encore toute détrempée par le déluge et vont tomber dans la sauvagerie, les mariages étant dissous, se livrant à des accouplements de rencontre. Les mères abandonnent les petits dès qu'ils sont sevrés. Il n'y a pas à proprement d'état de nature chez Vico, puisque cet âge bestial n'est pas l'âge de naissance de l'humanité mais la conséquence de la perte qui a suivi le déluge. Il n'y a plus de loi et règne l'hybris (la démesure) alors que la civilisation est mesure. Vico réfute tous les fantasmes sur l'âge d'or. L'humanité s'accomplit par le long processus de la civilisation. Ces êtres barbares, Vico les nomme bestioni (grosses bêtes) qui vivent sans passé et sans futur.
Pour sortir de cet état encore de non-humanité, il faut un évènement violent. Les hommes sont d'abord épouvantés par les phénomènes naturels, en particulier par la foudre. Cette dernière est attribuée à la puissance de Jupiter et « sous l'effet de l'épouvante que leur inspire cette divinité qu'ils imaginaient, ils commencèrent à retrouver un certain ordre » La « première fable divine » . est celle de Jupiter. La religion naît de la peur. Les hommes n'obéissent pas à une loi commune par un calcul rationnel mais sous l'effet de leur imagination. Puisque « l'admiration est fille de l'ignorance », la religion des origines est une religion effroyablement superstitieuse mais c'est pourtant elle qui commence à civiliser les hommes. Épouvantés, ces errants s'arrêtent, se fixent en compagine de la femme qui se trouve auprès d'eux. Ils enterrent leurs morts. Religion, famille, inhumation, les « trois premiers principes de l'humanité » doivent être gardés afin que le monde ne s'ensauvage pas et ne retourne pas dans les forêts
Les hommes de l'enfance de l'humanité sont ignorants des causes et tout naturellement expliquent la nature d'après ce qu'ils imaginent. Le défaut de raisonnement est compensé par l'imagination. Celle-ci devenue poésie (les premiers peuples étaient composés de poètes) est à l'origine de la crainte religieuse qui forme la clé de l'organisation sociale. En effet c'est « le travail de la poésie » qui va peupler le monde naturel de substances animées qui seront des dieux faits à l'image de l'homme, mais supérieurs à lui. L'imaginaire est la source de l'autorité et cette autorité est d'abord l'autorité divine. Ainsi la première forme de sagesse qui se présente dans l'histoire des nations est la « sagesse poétique ». Cette première forme de la sagesse chez les nations païennes produit une « Théologie poétique » qui est aussi la théologie civile de ces nations.
Il n'y a pas d'état de nature mais un état social primitif, celui des hommes groupés en organisation fondée sur les liens du sang. Les gens (familles) commencèrent avant les cités. Les dieux de la mythologie sont une sorte de représentation poétique des pères. Ces pères n'ont aucune raison d'obéir à un monarque alors qu'ils sont déjà monarques dans leurs propres gentes. Contre Grotius, Vico ne pense pas que la monarchie soit naturelle.
Les premières sociétés humaines étant des familles il n'y a pas encore, à proprement parler, d'organisation politique. C'est l'époque des barbares que réfrène seulement la crainte du dieu de la foudre dont nous avons vu qu'il s'agit de la première forme de religion. Toutes les nations ont un Jupiter. Cette première forme barbare de gouvernement a une fonction irremplaçable : domestiquer les hommes et les rendre aptes à vivre dans l'obéissance aux lois.
Au niveau du langage, les hommes ont commencé à s'exprimer au moyen d'images avant d'être capables de cette extraordinaire abstraction qui consiste à associer des signes sonores conventionnels aux idées des choses.
b) L'âge des héros
Les familles s'agrandissent, deviennent des clans réunis par une origine commune et dirigés par des chefs, « les héros ». Le modèle de cet âge héroïque est représenté par le monde homérique. Vico suppose que tous les bestioni n'ont pas été touchés par l'effroi religieux et que les forts maltraitent les faibles. Ces derniers, pour se sauver, se réfugient sur les terres des chefs de clan, des « héros » qui les reçoivent à condition qu'ils se mettent à leur service. Ce seront les famoli (serviteurs, serfs) qui n'ont aucun droit. Ces famoli vont jouer un rôle moteur dans l'histoire . leurs revendications et soulèvements obligent les héros jusque là indépendants à s'unir. La seconde forme de gouvernement est donc celle de l'aristocratie qui est la première forme proprement politique (et non plus familiale). Les premières républiques sont des républiques d'optimates qui ont deux fonctions essentielles :
- Permettre aux nobles de conserver le pouvoir (stratification sociale entre les « grands » et le peuple.
- Défendre les frontières à l'extérieur (distinction citoyens / ennemis)
La théologie poétique laisse place à la théologie naturelle des métaphysiciens
c) L'âge des hommes.
Dans l'aristocratie, l'opposition entre plébéiens et patriciens s'est institutionnalisée. Les plébéiens demandent l'accès aux droits religieux, la revendication des droits économiques et politiques ne venant qu'ensuite. Les praticiens résistent, permettant ainsi aux plébéiens de s'aguerrir politiquement et moralement et de mériter ainsi l'égalité civile et politique qu'ils réclament. Ils obtiennent enfin satisfaction et aux aristocraties succèdent les républiques populaires ou démocraties. Alors apparaissent science et philosophie. Mais la démocratie est un régime instable et tombe dans les luttes de factions. Elle laisse la place au régime ultime, au gouvernement rationnel par excellence, la monarchie conçue par Vico sur le modèle de l'Empire romain fondé par Auguste.
La théologie naturelle laisse place à la théologie chrétienne
Age des dieux Age des héros Age des hommes Les hommes sortent de la barbarie. Terrorisés devant la foule ils obéissent à la loi divine Quelques individus exceptionnels permettent la naissance des nations. Deux catégories : les forts et la plèbe Les hommes se considèrent égaux en nature. Triomphe du christianisme. Droit divin Droit héroïque ou droit de la force Droit humain "guidé par la raison pleinement développée" Gouvernement théocratique Gouvernement aristocratique République populaire ou monarchie Raison divine. les hommes ne savent que ce qui en a été révélé. Raison d'Etat connue du petit nombre des experts Raison dont est capable la multitude ou équité naturelle Jugements divins avec les duels et les représailles Jugements ordinaires avec application impitoyable du texte de la loi. Jugements humains appuyés sur la vérité des faits et la bienveillance. 5 Récurrence de l'histoire.
Si la première barbarie a cédé la place à la République romaine puis à l'Empire qui est devenu chrétien, la chute de l'Empire a été un retour dans la barbarie qui a cédé la place à un nouvel âge héroïque (âge féodal) et, avec le monde dans lequel vit Vico, on assiste à un épanouissement des monarchies. Il est probable que viendra ensuite une nouvelle barbarie. Bref, l'histoire est un éternel recommencement, elle tourne en rond sans jamais progresser véritablement. Les plus grandes avancées de la civilisation sont menacées du retour à la barbarie.
Les principales uvres.
- De la méthode des études de notre temps (1708)
- De l'Antique sagesse de l'Italie (1710)
- Droit universel (1721)
- La science nouvelle (1725, 1730, 1740)
- La vie de Giambattista Vico écrite par lui-même (1728)
Index des auteurs