Bacon

Précurseur de la méthode expérimentale, il influencera Descartes et Leibnitz. Il apparaît comme un philosophe rationaliste, et ceci avant Kant

Sommaire

Les sources de sa pensée.

La vie de Bacon

Apport conceptuel.

Principales œuvres.

Les sources de sa pensée.

Il rompt, avant Descartes, avec la scolastique et donc avec Aristote. Il est un admirateur de Machiavel

La vie de Bacon

Francis Bacon naît à Londres en 1561. Sa famille, sans appartenir à la noblesse terrienne, a néanmoins formé de grands serviteurs de la Couronne anglaise. Il fait ses études au Trinity College (Cambridge) puis étudie le droit à Gray's Inn à Londres. De 1576 à 1578 il séjourne en France.
S'il eut des ambitions scientifiques et philosophiques désintéressées, il fut en revanche un politique intrigant, flatteur et parfois même ingrat. Il devient membre du parlement en 1585. En 1594, alors protégé du comte d'Essex (qu'il accusera plus tard d'être un conspirateur) il écrit un masque qui fut joué devant la reine Élisabeth d'Angleterre visant à demander le financement d'un institut d'enseignement et de recherche. La reine ne l'écouta pas. Après sa mort (en 1603), Bacon rédige De l'avancement des sciences. Le nouveau roi, Jacques 1er, lui confie des tâches importantes avant que le livre ne paraisse en 1605.
Juriste et homme politique, il écrit néanmoins en 1609 De la sagesse des Anciens. Il devient Garde des Sceaux en 1617, Lord Chancelier et Baron de Verulam en 1618, Vicomte de Saint Alban en 1620. Il publie, toujours en 1620, le Novum Organum. Mais aussi fulgurante fut sa carrière, aussi rapide sera sa chute. En 1621, il est accusé de corruption, ce qui mettra fin à sa carrière politique. Il reconnaît avoir reçu des dons en argent et est privé de tout emploi et titre honorifique.
Il consacre les cinq dernières années de sa vie à écrire une Histoire du règne d'Henri VII, La Nouvelle Atlantide et Sylva Sylvarum ou Histoire Naturelle. La Nouvelle Atlantide décrit une île utopique, une société scientifique qui dispose d'observatoires, de laboratoires, de machines.
En 1626, il veut faire une expérience de chimie dans la neige pour prouver que le froid ralentit le processus de putréfaction. Il en contracte une bronchite qui lui sera fatale. Mais il affirme sur son lit de mort que "L'expérience elle-même a réussi excellemment."

Apport conceptuel.

Sans être lui-même à proprement parler un savant, Bacon a très bien compris l'esprit de la science naissante. En ce sens, il influencera Descartes et Leibnitz. Réaliste, il théorise une science ayant pour but l'efficacité et ne sépare jamais l'esprit scientifique de l'esprit technique. On ne peut "vaincre la nature qu'en lui obéissant" c'est à dire que toute maîtrise de la nature suppose une connaissance de ses lois. Connaître les lois de cause à effet permet de les transposer en une relation moyen / fin. Pour le dire autrement, on peut transformer l'effet si on parvient à transformer la cause.
L'observation des choses telles qu'elles sont est la première des conditions pour faire progresser le savoir. Encore faut-il, pour cela, dépasser un certain nombre d'obstacles que Bacon appelle idola (idoles) et qui égarent l'intelligence humaine. Ces obstacles sont au nombre de quatre :

  • Les idoles de la tribu sont les préjugés communs à tous les hommes. Par exemple, la propension à se fier aux premières impressions, aux sens, à élaborer des connaissances à partir de ses désirs, de ses passions.
  • Les idoles de la caverne (par allusion à l'allégorie de la caverne de Platon) sont plus individuelles. Ce sont les préjugés individuels qui tiennent à notre hérédité, notre éducation, les évènements de notre vie.
  • Les idoles du forum (de la place publique), de loin les plus haïssables, procèdent du langage. Nous croyons vrai tout ce que nous nommons (le langage découlant lui-même des représentations populaires). Par exemple, le mot "chance" nous incline à croire qu'il existe une force qui influence réellement les évènements. L'imprécision du langage nous conduit à des erreurs sur la nature des choses.
  • Les idoles du théâtre sont les illusions issues des systèmes philosophiques. Mettre en forme le savoir donne l'impression qu'il est plus complet qu'il ne l'est en réalité. Voilà pourquoi il vaut mieux présenter les résultats de travaux sous forme de fragments.

Les idoles exorcisées, il faut laisser place à l'observation. Une nouvelle logique, fondée sur l'expérience, doit remplacer la méthode aristotélicienne des syllogismes. Il faut répertorier, classer les faits pour énoncer des hypothèses, hypothèses qui doivent elles-mêmes être vérifiées par ce que Bacon appelle les expériences cruciales c'est à dire des expériences susceptibles de trancher de façon décisive entre deux hypothèses opposées d'explication. Toute expérience doit être faite la plume à la main de façon à être communiquée à la communauté. Ainsi chacun pourra refaire (pour en vérifier l'exactitude) l'expérience et une répartition collective du travail scientifique deviendra possible.
La science ne se constitue pas en un seul siècle mais suppose du temps. L'État doit créer les institutions nécessaires à ce développement. Le but de la science doit être, en effet, le bien du genre humain. Il faut séparer l'ordre de la science de celui de la religion (cette thèse a vraisemblablement influencé Galilée). Bacon préconise aussi la tolérance religieuse et affirme que la superstition est plus désastreuse que l'athéisme qui, au moins, ne perturbe pas l'État. Le but de toute politique est, en effet, la paix sociale. Il ne faut pas irriter le peuple, il faut veiller à l'accroissement du bien être, le progrès scientifique en étant le moyen.

Les principales œuvres.

  • L'Avancement des sciences. (1605)
  • Novum Organum. (1620)
  • La Nouvelle Atlantide (1627)


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