Schelling

Grand représentant de l'idéalisme allemand post kantien, Schelling cherche, comme Hegel, mais de façon différente, à effacer la distance introduite par Kant entre le phénomène et la chose en soi. Il est aussi passionné par l'art, la nature, la religion et les mythes.

Sommaire

Les sources de sa pensée.

La vie de Schelling

Apport conceptuel.

Principales œuvres.

Les sources de sa pensée.

D'abord influencé par Kant et Fichte, Schelling s'intéresse ensuite à Spinoza et Giordano Bruno. Il est l'ami de Hegel avant de s'opposer à lui. Il est aussi l'ami du philosophe français Victor Cousin.

La vie de Schelling

Friedrich Wilhelm Joseph Von Schelling est né à Léonberg, petite ville du Wurtemberg où son père était pasteur, le 27 janvier 1775. En 1778, la famille s'installe près de Tübingen à Bebenhausen. Schelling entre à l'école primaire religieuse puis au gymnase (lycée) de Nürtingen. Il apparaît comme génial, est rapidement en avance de plusieurs années. Il étudie les langues orientales et classiques, connait les mythologies. A 15 ans, il a lu Wolf ainsi que La monadologie et quelques articles de Leibniz
En 1790, il rentre au Stift (séminaire) de Tübingen où il rencontre Hölderlin et Hegel. Il est alors un jeune théologien rationaliste, ami de la philosophie des Lumières, partisan de l'exégèse critique des textes, en somme un théologien athée. En 1792, il présente une dissertation de doctorat, Essai critique du chapitre III de la Genèse. C'est en 1794 qu'il entend parler de Fichte et le rencontre. Schelling se convertit alors à la philosophie.
Il écrit en 1794, Sur la possibilité d'une forme de la philosophie en général et Du moi comme principe de la philosophie ainsi que les Lettres sur le dogmatisme et le criticisme, trois textes publiés par Fichte et Niethanner. En octobre 1795 il quitte le Stift et devient l'année suivante précepteur chez un baron avec qui il séjourne à Leipzig, Iéna (où il voit Fichte et Schiller) et à Berlin. En 1795, il écrit La nouvelle déduction du droit naturel, seul texte politique de Schelling, dénonciation véhémente de l'Etat comme lieu aliénant et lieu d'imbécillité. Schelling s'intéresse à la nature et publie en 1797, Idées pour une philosophie de la nature et en 1798 L'âme du monde. Goethe est alors conseiller à la cour de Weimar (il est une sorte de ministre des affaires culturelles) et il fait nommer le jeune Schelling à l'Université d'Iéna en tant que professeur extraordinaire (sorte d'auxiliaire des professeurs ordinaires). Schelling y reste de 1798 à 1803. Fichte quitte Iéna en 1799, chassé par la querelle de l'athéisme. Schelling vit alors un moment brillant. Il a de nombreuses relations intellectuelles (Goethe, Schiller, Novalis, les frères Schlegel). Ses cours (philosophie de l'art, philosophie de la nature, philosophie transcendantale) ont un énorme succès. Il écrit beaucoup et publie en 1798, Première esquisse d'un système de philosophie de la nature, en 1800 Système de l'idéalisme transcendantal, en 1801 Exposé de mon système de philosophie Entre deux, il publie deux textes dans une revue qu'il vient de fonder, le Journal de physique spéculative. Schelling est alors l'homme d'une philosophie, philosophie qu'il enseigne d'abord à Iéna (jusqu'n 1803) puis à Würzbourg (jusqu'en 1806) lorsque l'Université d'Iéna, secouée par la querelle de l'athéisme connait une désaffection (Fichte, Schlegel, Humboldt quittent Iéna). En 1806, l'Université de Würzbourg est démantelée. Schelling se retire à Munich où il sera d'abord membre de l'Académie des sciences, puis en 1807 secrétaire de l'Académie des Beaux Arts. L'amitié de Schelling et de Hegel est sans faille jusqu'en 1807. Ils collaborent au Journal critique de la philosophie. Ensuite ils ne se rencontreront plus qu'une seule fois, presque vingt cinq ans plus tard. La production de Schelling, durant cette période demeure intense : Bruno ou du principe naturel et divin des choses (1802), Philosophie et religion (1804), un pamphlet contre Fichte en 1806, les Aphorismes sur la philosophie de la nature (1805-1806), le Discours sur les arts plastiques (1807)
En 1809, sa femme Caroline (épousée en 1803) meurt. Il se remarie en 1812 avec Pauline Gotter, une amie de Caroline. Il aura cinq enfants durant ce deuxième mariage. Brouillé avec Hegel puis avec Jacobi, sa production se tarit peu à peu. Après les Recherches philosophiques sur l'essence de la liberté humaine (1809), il commence la rédaction des Ages du monde à partit de 1810 (il n'en écrira que la première partie.
En 1820, la santé de Schelling l'oblige à abandonner Munich et à s'installer dans la petite ville universitaire d'Erlangen où il donnera quelques cours jusqu'en 1827. Il y élabore sa philosophie de la mythologie.
C'est en 1827 que Schelling, après une éclipse de plus de vingt ans, enseigne à nouveau à la nouvelle université de Munich. Hegel l'a depuis longtemps supplanté (La phénoménologie de l'Esprit est parue en 1807) et Schelling n'est plus qu'un « paragraphe du système » Il va passer le reste de sa vie à lutter contre cette image figée de lui-même pour imposer sa nouvelle philosophie. Il enseigne à Munich jusqu'en 1841. Il est président de l'Académie des sciences, précepteur du prince héritier de Maximilien de Bavière.
De 1841 à 1846, il enseigne à Berlin, occupant la chaire de Hegel. Kierkegaard et Feuerbach l'entendent ainsi que tous les anciens assistants de Hegel, alors même qu'il veut faire fuir l'hégélianisme. Peu à peu les étudiants se désintéressent de ses cours qu'ils ne comprennent pas. Schelling a peur qu'on lui vole ses idées. Après un procès contre Paulus qui avait publié un de ses cours sans autorisation, il quitte l'Université.
Il passe les dernières années de sa vie à élaborer sa nouvelle philosophie. A sa mort, les problématiques ont changé alors que Marx a publié L'idéologie allemande. Il meurt le 20 août 1854 à Bad Ragaz en Suisse où il sera enterré.

Apport conceptuel.

Schelling est à vingt ans le philosophe de son époque, à trente ans il est compris dans la philosophie hégélienne (compris dans le système hégélien, il n'est pas selon Hegel la dernière étape de la philosophie et sa philosophie est donc déjà morte). Pourtant, il va plus loin que Hegel, pense autrement.
Schelling, et c'est son originalité, n'a pas de texte canonique. Il n'a cessé de mettre en question son passé, d'évoluer. Il n'aura du reste aucun disciple. Il n'y a pas chez Schelling de période qui vaille plus ou moins qu'une autre.
Un premier état de sa pensée qui correspond en gros aux années 1801-1808 constitue la philosophie de l'identité ou encore philosophie de la nature. Elle affirme l'identité absolue de la nature et de l'esprit. « La nature est l'esprit invisible, l'esprit la nature invisible ». Moi et non-moi, sujet et objet, phénomène et chose en soi ne forment qu'un. Le monde est unité essentielle et il n'y a pas lieu d'opposer le monde idéal et le monde réel. Humain et nature ne sont que les deux faces d'un seul et même être, l'Un, l'Absolu. C'est du sein de l'Absolu que naissent Nature et esprit, coexistant et se développant parallèlement dans une parfaite identité. Les contradictoires procèdent d'un absolu indifférent à l'objectif et au subjectif, d'une unité indifférenciée. L'influence panthéiste de Spinoza est évidente mais Schelling y adjoint les découvertes de la science moderne, affirmant par exemple que l'électricité dans la nature se confond avec l'irritabilité humaine, le magnétisme avec la sensibilité etc.
Dans un deuxième temps, Schelling abandonne cette philosophie de l'absolu et tend à écrire une histoire de l'absolu. Il passe de la question « Qu'est-ce que l'être ? », « Qu'est-ce que l'absolu ? » à la question « Qui est l'être ? », « Qui est l'absolu ? ». L'absolu serait alors une personne et non plus une substance morte. L'erreur est d'instituer comme principe un « sujet » neutre. Il y faut un sujet personnel qui porte le nom propre de Dieu. De théologien athée, Schelling devient de plus en plus un penseur chrétien dans une sorte de retour du transcendant. Lui qui, au début, est un panthéiste refusant le transcendant, passe progressivement à l'existence d'un Dieu personnel devenant une sorte de Spinoza chrétien. Mais la question « Qui est l'absolu ? » n'est pas une question spinoziste.
La dernière philosophie de Schelling se veut une philosophie positive c'est-à-dire qu'elle se présente comme un récit. Dieu est point de départ, à la fois existence nécessaire, mais dès l'origine « puissance » (possibilité) d'une autre existence. La création est actualisation de cette puissance de l'être autre. L'homme est le point où l'unité des puissances est restaurée mais actualisant à nouveau cette puissance, cette fois sur le plan de la conscience : c'est l'odyssée religieuse de l'humanité d'abord sous la forme imaginaire de la mythologie puis sous la forme d'une conscience délivrée, en personne dans la Révélation.

Les principales œuvres.

  • Sur la possibilité d'une forme de la philosophie en général, 1794
  • Du moi comme principe de la philosophie, 1794
  • Lettres sur le dogmatisme et le criticisme, 1794
  • La nouvelle déduction du droit naturel, 1795
  • L'âme du monde, 1798
  • Première esquisse d'un système de philosophie de la nature, 1798
  • Système de l'idéalisme transcendantal, 1800
  • Exposé de mon système de philosophie, 1801
  • Bruno ou du principe naturel et divin des choses, 1802
  • Aphorismes sur la philosophie de la nature, 1805-1806
  • Discours sur les arts plastiques, 1807
  • Les âges du monde, 1810

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