Anselme de Cantorbéry

Véritable penseur de la pensée et de la méthode scolastique, Anselme affirme, contre les théologiens de l'époque, que la foi éclairée par la raison est supérieure à la foi aveugle. Il est surtout connu pour être l'inventeur de l'argument ontologique en faveur de l'existence de Dieu, argument que redécouvrira plus tard Descartes.

Sommaire

Les sources de sa pensée.

La vie d'Anselme

Apport conceptuel.

Principales œuvres.

Les sources de sa pensée.

Influencé par Saint Augustin et donc Platon, il est avant tout un théologien qui réfléchit sur les dogmes du christianisme.

La vie d'Anselme

Anselme est né en 1033 à Aoste dans une famille aisée. En 1060, il entre à l'abbaye bénédictine du Bec, en Normandie, abbaye dirigée par son compatriote l'abbé Lanfranc. Il étudie la Bible, la doctrine des pères de l'Église et la logique. Il va progressivement gravir les échelons de la hiérarchie monastique. Il devient prieur en 1063, alors que l'abbé Herluin a succédé à Lanfranc, appelé en Angleterre pour devenir archevêque de Cantorbéry.
L'Église subit alors des crises et Anselme apparaît comme un novateur. C'est à la demande de ses moines qu'il se met à écrire. En 1077, il écrit le Monologion où Dieu est défini comme l'être parfait et où Anselme étudie les attributs divins. Encouragé par les réactions favorables (même s'il a aussi des détracteurs), il écrit, en 1078, le Proslogion, où se trouve l'argument ontologique en faveur de l'existence de Dieu. La même année il devient abbé. Il le reste quinze ans.
En 1093, il succède à Lanfranc et devient archevêque de Cantorbéry. Il est alors primat (et donc représentant du pape) de l'État plantagenêt. Anselme défend l'indépendance des membres de l'Église face au roi. Ce dernier, Guillaume II (successeur de Guillaume le Conquérant) le contraint à s'exiler en Italie en 1097.
Anselme continue à lutter contre les pouvoirs séculiers tout en poursuivant sa réflexion théologique sur l'incarnation et la crucifixion du Christ (Cur Deus homo). Lors de l'avènement de Henri Ier (1100), Anselme revient à Cantorbéry mais ses prises de position dans la querelle des investitures (conflit entre le pape et l'empereur d'Occident au sujet des bénéfices ecclésiastiques) le contraignent à nouveau à l'exil jusqu'en 1106 (Concile de Londres).
Anselme peut désormais se consacrer à développer la vie communautaire du clergé. Il meurt le 21 avril 1109 à Cantorbéry. Il sera canonisé en 1163 et intégré aux Docteurs de l'Église en 1720.

Apport conceptuel.

Anselme affirme pour la première fois la place de la raison dans le champ de la foi. Alors que certains théologiens de l'époque considèrent comme inutile, voire nuisible, toute tentative de la raison pour comprendre les vérités de la foi, Anselme pense, quant à lui, que la foi doit être " en quête d'intelligence " (Fides quarens intellectum), c'est-à-dire que, sans dépendre de l'intelligence (la foi reste supérieure à la raison), elle doit en être éclairée et ne lui est pas contraire. La foi donne à la raison la matière de sa réflexion. Le croyant doit réfléchir aux dogmes, même si ceux-ci nous sont connus par l'autorité de la parole divine. L'intelligence des dogmes est en somme l'intermédiaire entre la simple foi (qui est néanmoins un don de Dieu) et la vision immédiate que les élus auront de Dieu après la résurrection.
C'est dans ce contexte théorique que se situe le fameux argument ontologique.
L'argument est le suivant : la pensée de Dieu est la pensée d'un être tel que rien de plus grand ne peut être conçu (sans quoi la créature jugerait le créateur, l'engloberait, ce qui est illogique). Or, penser un tel être et lui refuser en même temps l'existence est une contradiction puisque alors on pourrait concevoir quelque chose de plus grand encore (un Dieu existant). Donc Dieu existe. Il est contradictoire de penser à la fois un être tel qu'on ne peut rien concevoir de plus grand et lui dénier l'existence. Cet argument préfigure celui de Descartes (Méditations, V) mais ne lui est néanmoins pas identique (Descartes n'a pas lu Anselme). Dieu apparaît comme une exigence intérieure de ma pensée. On doit attribuer à Dieu ce qu'on ne peut nier sans diminuer sa perfection.
Anselme vit à une époque de progrès. Philosophe engagé, il est un initiateur de la modernité. Il inaugure la querelle des universaux (voir Ockham), définit le vrai comme adéquation entre la chose et la vision qu'on en prend, associe raison et autorité. Il est le véritable fondateur de la scolastique que couronnera Thomas d'Aquin.

Les principales œuvres.

  • Monologion (1077)
  • Proslogion (1078)


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