Pascal

Comme Descartes, son contemporain, il est à la fois philosophe et scientifique. Grand mathématicien, il s'occupe aussi d'expériences physiques. Mais Pascal est surtout un penseur chrétien janséniste.

Sommaire

Les sources de sa pensée.

La vie de Pascal

Apport conceptuel.

Les principales œuvres.

Les sources de sa pensée.

L'une des sources les plus importantes de la pensée de Pascal sont les Essais de Montaigne.
A Descartes, il emprunte le dualisme de l'étendue et de la pensée.
Il s'inspire bien sûr de La Bible, des Evangiles et de l'œuvre de Saint Augustin.
Enfin, il faut noter l'importance des sciences (Il était lui même un grand savant de son époque).

La vie de Pascal.

Fils d'Etienne Pascal, président de la cour des aides de Clermont, Blaise Pascal est né dans cette ville le 19 juin 1623. Il n'a pas trois ans quand sa mère meurt, épuisée par ses maternités et les nuits passées auprès de lui à le veiller. Il a, en effet, des convulsions qui tiennent toute la famille en alerte.
En 1630, Etienne Pascal vend sa charge et vient résider à Paris avec ses enfants. Il s'occupe de l'éducation de son fils dont il semble avoir deviné le génie naissant. Un jour il le trouve occupé à démontrer la 32ème proposition du premier livre d'Euclide (la somme des angles d'un triangle est égale à deux droits). On l'admet à participer aux discussions des illustres savants mathématiciens qui fréquentaient la maison: Roberval, le père Mersenne.
A 16 ans, Pascal met au point une machine arithmétique. En même temps il écrit un Traité des sections coniques (1639)
De 1640 à 1647, Etienne Pascal, nommé commissaire du roi à Rouen, vit avec ses enfants en Normandie. Le mal de Blaise Pascal empire, l'obligeant à marcher avec des béquilles. Mais, en 1636, il s'est converti avec tous les siens au jansénisme dont l'enseignement lui semble une réponse à son angoisse. La religion l'éloigne du monde, non de la science. En 1648 il fait effectuer les expériences sur la pression atmosphérique au sommet de la tour Saint Jacques puis sur le Puy de Dôme.
Revenu à Paris en 1650, Pascal noue de nouvelles amitiés et se lie avec le duc de Roannez et le chevalier de Méré.
La mort de son père, le 24 septembre 1651, le frappe, comme l'entrée au couvent de sa sœur Jacqueline (1653) qui multiplie les conversations avec lui dans l'espoir de l'arracher à ses fréquentations qu'elle juge dangereuses. Pascal continue ses recherches scientifiques. Les ouvrages se suivent sur l'équilibre des liqueurs, sur la pesanteur de la masse de l'air, sur le triangle arithmétique, sur les ordres numériques (1654).
Dans la nuit du 23 novembre 1653, alors qu'il venait d'écouter un sermon, il a une extase: pendant deux heures, il sent la main de Dieu peser sur lui. Il jette quelques mots hachés sur un petit parchemin qui ne le quittera plus: c'est Le Mémorial.
Cette nuit le mène à Port-Royal-des-Champs et il décide d'écrire un vaste ouvrage destiné à confondre les incroyants et à les convaincre de la vérité du christianisme. Il prend des notes. Mais voilà que les pensionnaires de Port-Royal sont condamnés par le Saint-Siège qui a pensé découvrir dans Jansénius cinq propositions hérétiques. Pascal prend la défense de la communauté et publie, l'hiver 1656, les Lettres écrites à un provincial par un de ses amis. La tempête éclate. Pascal se cache.
Sa maladie redouble de gravité ce qui ne l'empêche pas de se mortifier au moyen d'un silice. Il se détourne de ses travaux scientifiques et ne s'occupe plus que de Dieu. Il faut l'insistance de ses amis pour le convaincre de donner un peu de temps aux mathématiques : il découvre la solution au problème de la roulette, jette les premières bases du calcul infinitésimal, songe à créer une compagnie de transports en commun dont les bénéfices reviendraient aux pauvres de Blois.
En 1661 sa sœur Jacqueline meurt. Il souffre tant qu'il doit renoncer à travailler et même à recevoir.
L'été 1662, il est pris de maux violents dans les intestins, les douleurs de sa tête deviennent insupportables. Il demande un prêtre et meurt dans la nuit du 19 août. A l'autopsie, on trouva une gangrène de l'intestin, et dans la cervelle du sang caillé et corrompu.
Les Pensées sont le recueil de notes trouvées à sa mort par ses amis et dans un grand désordre destinées à son projet de vaste ouvrage en faveur de la religion chrétienne.

Apport conceptuel.

Quand Pascal entreprend la rédaction de ce qui deviendra les Pensées, son but est moins de convaincre son lecteur de l'existence de Dieu par la raison (la foi ne peut être donnée que par Dieu) que de vaincre l'indifférence des non croyants. Inspiré par Montaigne, il montre la vanité et la misère humaine. C'est la vision de l'homme sans Dieu. L'homme ignore le bien, le vrai. Les lois sont relatives d'un lieu à un autre "Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà" c'est à dire que l'homme est incapable d'établir des lois justes. Tous ces thèmes sont inspirés de Montaigne.
" L'homme n'est qu'un roseau, dira Pascal, le plus faible des roseaux… mais c'est un roseau pensant. " Prendre conscience de sa propre misère ne manque pas d'une certaine grandeur. La connaissance a deux sources : l'homme peut connaître par la raison c'est à dire la pensée discursive, la faculté de l'universel. Malheureusement notre raison est finie et ne peut tout connaître. A cette finitude, supplée le cœur, connaissance immédiate et intuitive, participant de l'affectivité et permettant de saisir les premiers principes, les axiomes, mais aussi Dieu. Le cœur est la faculté du particulier et de l'individuel. C'est le sens de la phrase célèbre souvent comprise à contresens : "Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas." Au fond les choses surnaturelles sont connues par le cœur, alors que les choses naturelles le sont par le raisonnement et l'expérience. Chaque faculté ne peut légiférer que dans son domaine ce qui libère la physique de l'autorité religieuse mais soustrait aussi la théologie à la raison. Mais le cœur saisit aussi les premiers principes, les axiomes (c'est à dire les propositions évidentes, tellement simples qu'on ne peut les démontrer) des mathématiques. On voit donc que les deux ordres ne sont pas totalement séparés. La pensée donne une dignité à l'homme si elle nous fait méditer sur notre condition.
Le problème est que la plupart du temps nous nous dissimulons le tragique de notre condition et en particulier le fait que nous sommes promis à la mort par le divertissement . Le concept de divertissement ne doit pas être pris au sens trivial de la recherche des plaisirs mais en son sens étymologique. Se divertir, c'est se "détourner de". L'homme cherche à oublier sa condition mortelle, son néant, en occupant son esprit, en s'affairant. Ainsi les activités difficiles et sérieuses, consacrer du temps à un métier par exemple, constituent aussi bien des formes de divertissement que les plaisirs de la chasse, du sport, de la danse etc. Dès que notre esprit est inactif, dès que nous cessons d'être occupés, la conscience obsédante de notre vacuité, de notre néant surgit. L'ennui n'est autre que la prise de conscience de notre finitude et c'est pour y échapper que nous cherchons le divertissement. Telle est la condition de l'homme sans Dieu qui cherche dans l'activité factice à échapper à son angoisse et donc aussi à lui-même.
L'homme sans Dieu est déchiré entre l'attrait des plaisirs et la raison, entre ses sens et son besoin de vérité. Il y a une sorte de partage de la nature humaine : misère et grandeur de l'homme. Les sens, l'amour propre, l'imagination (maîtresse d'erreurs et d'illusion) empêchent le libre exercice de la pensée et ni l'infiniment grand, ni l'infiniment petit ne sont accessibles à notre esprit.
C'est seulement en Dieu que l'homme peut trouver un ancrage spirituel. Le Dieu de Pascal n'est pas celui des philosophes (l'horloger de Voltaire, le Dieu créateur permettant de comprendre intellectuellement que le monde existe) mais celui de la Bible devant qui tremble le pêcheur angoissé au sujet de son salut éternel. Le dogme du péché originel permet de comprendre les imperfections de l'homme tout comme sa dignité. L'homme a perdu sa nature mais conserve des traces de son état originaire.
Le célèbre argument du pari n'est en aucun cas une preuve de l'existence de Dieu. Il est surtout inspiré du calcul des probabilités (et notamment de la notion d'espérance mathématique) dont on sait que Pascal fut le fondateur. Si je parie en l'existence de Dieu et que Dieu existe, je gagne la félicité éternelle tout en n'engageant qu'une existence finie. Si je parie en l'existence de Dieu et que Dieu n'existe pas, je n'ai perdu qu'une vie finie. Au total j'ai donc la possibilité de gagner une félicité infinie et ne risque de perdre qu'une réalité misérable. Inversement si je parie que Dieu n'existe pas et qu'il existe, je perds la félicité éternelle, c'est à dire mon salut. Si enfin je parie que Dieu n'existe pas et qu'effectivement il n'existe pas, je n'ai gagné qu'une réalité finie. Au total je risque donc de perdre beaucoup en cherchant à gagner bien peu. Il est donc de mon intérêt de parier que Dieu existe. Ne pas le faire est une attitude suicidaire, contraire au bon sens. Certes nul ne peut acquérir la foi à volonté (Pascal le sait bien, à ses yeux elle provient de la grâce divine) mais nous nous devons au moins de supprimer les obstacles entre nous et Dieu pour permettre l'action de la grâce. Cela suppose la modération des passions, vivre avec piété, ce qui est le seul remède aux contradictions de l'existence.

Les principales œuvres.

Pascal a publié des ouvrages scientifiques:

  • Essai sur les Coniques (1639)
  • Préface pour un Traité du vide (1647)

Le Mémorial (1654) est le texte que lui inspira son extase religieuse. L'œuvre philosophique comprend:

  • Les Provinciales (1656-1657)
  • L'art de persuader (1658)
  • De l'esprit géométrique (1658)
  • Les Pensées, œuvre posthume, constituée des brouillons d'une Apologie de la religion chrétienne écrits de 1658 à 1662, ouvrage que Pascal n'eut pas le temps d'achever.

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