Malebranche

Malebranche se voulait disciple de Descartes mais il s'éloigna de lui sur presque tout. Parce que sa pensée est surtout théologique, on en a souvent négligé l'originalité.

Sommaire

Les sources de sa pensée.

La vie de Malebranche

Apport conceptuel.

Principales œuvres.

Les sources de sa pensée.

Il se revendique disciple de Descartes mais doit beaucoup à Saint Augustin et à Platon. Ce penseur chrétien s'inspire bien sûr de la Bible, des Evangiles et des Actes des apôtres.

La vie de Malebranche

Nicolas Malebranche est né en 1638, d'une famille de parlementaires. Il étudie la philosophie d'Aristote au collège de la Marche, puis la théologie à la Sorbonne. Il entre à la congrégation de l'Oratoire en 1659. On y cultivait Aristote, Saint Augustin et Platon.
Malebranche est ordonné prêtre en 1664. Cette même année, il découvre le Traité de l'homme de Descartes (trouvé par hasard, chez le libraire du Quai des Augustins à Paris). Il en est extasié et va désormais se consacrer à la philosophie. En 1674, il publie De la recherche de la Vérité, ouvrage marqué par le cartésianisme et Saint Augustin.
En 1680, le Traité de la nature et de la grâce déchaîne une polémique l'opposant à Arnauld et Bossuet qui dénoncent un rationnalisme dans lequel Dieu n'est plus "l'auteur que d'un certain ordre général d'où le reste se développe comme il peut". Par le Traité de l'amour de Dieu, il attaque Fénelon en pleine querelle quiétiste. En 1688, paraissent les Entretiens sur la métaphysique de la religion.
Correspondant des grands savants de l'Europe, Malebranche eut une grande influence dans la diffusion du mécanisme. En 1699, il est élu à l'Académie des sciences.
Il meurt le 13 Octobre 1715 à Paris, à l'aube des Lumières.

Apport conceptuel.

De Descartes, Malebranche retient qu'on ne peut connaître que grâce aux idées claires et distinctes. Mais, contrairement à lui, ce n'est plus le sujet, le cogito qui sert de point de départ mais la lumière divine. Les idées claires et distinctes sont en Dieu et c'est en Dieu que nous les voyons. C'est en Dieu que nous apercevons les idées intelligibles, archétypes (c'est à dire modèles) des choses. Par conséquent, il n'y a plus de bornes à la philosophie.
Certes, l'homme est imparfait. Le péché originel et sa punition, la subordination de l'âme au corps, fait que nous sommes incapables d'apercevoir par nos forces seules la lumière divine qui nous éclaire. C'est du reste pourquoi Dieu s'est incarné dans le Christ pour parler aux hommes un langage plus accessible à notre faiblesse. Mais la révélation, la foi doivent nous conduire à la philosophie, à l'intelligence.
Malebranche retient l'idée d'une raison universelle. Tous les hommes en effet s'accordent sur les vérités scientifiques et morales. La raison est aussi immuable, nécessaire (la vérité ne change pas), infinie (puisque je suis, par exemple, capable de concevoir l'infini des nombres) et ne peut donc être que celle de Dieu. Dieu est le lieu de toutes les connaissances qu'elles soient sensibles ou rationnelles.
Contre Descartes mais avec Leibnitz, on trouve l'idée chez Malebranche que la volonté de Dieu se subordonne à la sagesse.
Pourtant, nous sommes sujets à l'erreur. Comme chez Descartes, la passion est l'asservissement de l'âme au corps qui entraîne l'erreur. L'imagination aussi nous trompe. Quant aux sensations, elles ne sont destinées qu'à assurer la conservation de notre corps.
Toute connaissance suppose que Dieu imprime l'idée dans mon âme. Par conséquent, rien ne serait changé dans notre perception des corps si Dieu supprimait la matière tout en continuant d'affecter notre âme. Mais qui oblige Dieu à créer la matière ? Rien ! L'existence de la matière est donc indémontrable.
Si nous voyons les corps ou les idées en Dieu, il n'y a en revanche aucune idée de Dieu. Nous avons de Dieu l'intuition immédiate de son être, intuition toujours présente. Il s'agit cependant d'une connaissance imparfaite. La grande originalité de Malebranche résulte dans sa tentative de dégager Dieu de la responsabilité du mal sans faire du mal une simple apparence, comme chez Leibnitz, par exemple.
C'est le principe de la simplicité des voies qui va le permettre. Dieu n'avait nulle obligation de créer le monde. Infini, il n'en avait nul besoin. Il le fait donc par libre volonté. Mais Dieu doit à la fois créer un ouvrage parfait tout en utilisant des moyens parfaits. Or c'est la seconde de ces perfections qui l'emporte puisque la conduite de Dieu est Dieu alors que son ouvrage est extérieur à lui. Mais c'est justement la perfection de la façon de créer, des voies de l'exécution qui va limiter la perfection de l'ouvrage. Qu'est-ce en effet qu'une façon parfaite de créer sinon une façon simple ( simplicité des voies) ?
Cinq lois vont prévaloir dans le système du monde.
Les trois premières sont les lois de la nature :

  • La loi de la communication des mouvements ;
  • La loi de l'union de l'âme et du corps ;
  • La loi de l'union de l'âme avec la raison.

Les deux dernières sont les lois de la grâce :

  • La loi de la distribution des grâces du Nouveau Testament ;
  • La loi de la distribution des grâces temporelles.

A chacune de ces lois correspond une cause occasionnelle : les causes occasionnelles sont des occasions de l'exercice de la volonté divine, des causes naturelles qui ne sont pas les véritables causes mais seulement des circonstances permettant l'exercice divin.
Le tableau suivant donne les correspondances entre lois et causes occasionnelles :

 

Lois générales (causes efficaces)

Causes occasionnelles

 

Lois de la nature

Loi de la communication des mouvements

Choc des corps

Loi de l'union de l'âme et du corps.

Modification de l'une des deux substances qui modifie l'autre.

Loi de l'union de l'âme avec la raison universelle

Attention

Lois de la grâce

Loi de la distribution des grâces selon l'ancien testament.

Désirs de Jésus Christ

Loi de la distribution des grâces temporelles.

Anges

Dieu agit toujours selon des lois sauf dans les cas exceptionnels où les suivre diminuerait la somme de perfection de l'ouvrage et des voies (c'est alors le miracle). Ainsi la volonté divine soutient perpétuellement le monde qui obéit à des lois nécessaires.
Mais, parce que les lois sont générales, elles entraînent des défauts dans l'ouvrage. En effet, Dieu manifeste sa perfection dans le fait que l'ouvrage est produit par de petits moyens. Mais un petit moyen est un moyen fini et donc imparfait. Par exemple le choc des corps est aveugle, l'attention de l'homme est faillible parce que l'homme est libre. En somme, Dieu ne veut pas le mal. Il ne fait que le permettre car s'il l'empêchait ou le corrigeait (par exemple en faisant exception à la loi générale de la distribution des grâces pour sauver un pécheur, ou à celle de la loi générale d'union de l'âme et du corps pour épargner telle souffrance) il diminuerait la perfection globale de la création en nuisant à la simplicité des voies.

Les principales œuvres.

  • De la recherche de la vérité (1674-1675)
  • Traité de la nature et de la grâce (1680)
  • Méditations chrétiennes (1683)
  • Entretiens sur la métaphysique et la religion (1688)

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