Hume

Hume est un des représentants de l'empirisme, thèse selon laquelle nos idées viennent de l'expérience sensible. En cela il influença Kant qu'il tira, selon le propre mot de Kant, de son "sommeil dogmatique". Il se réclame aussi du scepticisme.

Sommaire

Les sources de sa pensée.

La vie de Hume

Apport conceptuel.

Principales œuvres.

Les sources de sa pensée.

On notera d'abord l'influence du scepticisme antique, en particulier de Sextus Empiricus (IIIème S. après J.C.) et probablement de Montaigne. Il s'inscrit dans le courant empiriste anglais dont John Locke (1632-1704) fut le promoteur. Enfin il applique à la connaissance de l'homme la méthode de la recherche expérimentale de Newton.

La vie de Hume

David Hume naît le 26 avril 1711 à Edimbourg, d'une famille de la petite noblesse écossaise. Son père, avocat, meurt en 1714. Madame Hume se retire à Ninewells où elle élève ses enfants avec l'aide de son beau-frère, pasteur du bourg voisin de Chirnside.
Hume entre en 1722 au collège d'Edimbourg. Ses enseignants sont des disciples de Newton. Il lit les poètes latins et les auteurs anglais.
En 1734, il traverse une période de crise, refusant d'adhérer aux projets de sa famille qui le destine à être avocat. Après avoir essayé le commerce, il part pour la France où il s'installe d'abord à Reims.
De 1735 à 1737, à La Flèche, il rédige le Traité de la nature humaine, dont les deux premiers livres sont publiés en 1739. C'est un échec. Il rentre à Ninewells.
En 1740, il publie l'Abrégé du Traité de la nature humaine et en 1741 les Essais moraux et politiques qui rencontrent le succès.
En 1744, Hume se présente à la chaire de "morale et philosophie pneumatique" de l'Université d'Edimbourg. Sa candidature est refusée. En 1745, il trouve un emploi d' "homme de compagnie" auprès du jeune marquis d'Annandale dont l'état mental se dégrade peu à peu.
De 1746 à 1749, il est secrétaire particulier du général Saint-Clair, qu'il accompagne dans ses voyages. Sa fortune s'améliore, il acquiert des habitudes mondaines en parcourant l'Europe.
De retour à Londres en 1749, il publie en 1751 L'enquête sur les principes de la morale et commence la rédaction des Dialogues sur la religion naturelle. Il pose sa candidature à la chaire de logique du collège de Glasgow. C'est un nouvel échec. En 1752, il est élu au poste de conservateur de la bibliothèque de la Faculté des avocats d'Edimbourg où il demeure jusqu'en 1757, non sans difficultés et tracasseries multiples.
De 1763 à 1766, Hume accompagne en France Lord Hertford, nouvel ambassadeur dont il sera le secrétaire. Accueilli très favorablement en France, Hume fréquente les salons littéraires et se lie d'amitié avec les Encyclopédistes.
Le 4 janvier 1766, il repart pour l'Angleterre accompagné de Jean-Jacques Rousseau qui est persécuté. Les relations s'enveniment. Rousseau quitte l'Angleterre.
De 1767 à 1768, Hume est sous-secrétaire d'Etat pour les affaires nordiques et les affaires intérieures auprès du général Conway.
De retour à Edimbourg en 1769, il prépare la publication des Dialogues sur la religion naturelle, texte achevé depuis 1763 (qui ne sera en fait publié qu'en 1779). Ses opinions religieuses lui valent de vives oppositions.
Hume meurt le 25 août 1776 des suites d'une tumeur intestinale.

Apport conceptuel.

Hume est le représentant de l'empirisme philosophique. Pour comprendre ce qu'est l'empirisme, il faut rappeler le problème philosophique sous-jacent à cette théorie. Ce problème est celui de l'origine de nos idées. Comment se forment-elles dans notre esprit ? Deux thèses vont s'opposer jusqu'à la fin du XVIII° s., époque où Kant résoudra en partie le problème :

  • La théorie intellectualiste (parfois encore appelée dogmatisme) considère que les idées préexistent à l'expérience en notre esprit. On peut alors soutenir par exemple que nous les avons contemplées dans un autre monde comme le fera Platon ou parler d'idées innées comme chez Descartes. Si les idées sont dans notre esprit, alors les organes des sens ne font que réveiller en nous les idées correspondantes permettant de penser les choses. L'argument essentiel en faveur de cette thèse est que les idées sont générales alors que l'expérience est toujours particulière. L'expérience ne saurait donc suffire à les susciter. La célèbre analyse du morceau de cire développée par Descartes se veut aussi une preuve de cette théorie : comment puis-je reconnaître le même morceau de cire avant et après chauffage alors qu'aucun de mes sens ne m'envoie à son propos la même information ? Il a changé de forme, de couleur, a perdu odeur et saveur, de froid il est devenu chaud et quand je le frappe il ne résonne plus. Mes sens me disent qu'il ne s'agit plus du même objet et pourtant je sais qu'il s'agit toujours du même morceau de cire. Il faut conclure que ce ne sont pas mes sens mais mon esprit qui perçoit.
  • A cette thèse les empiristes rétorquent qu'il me serait bien difficile d'avoir des idées sans mes organes des sens et qu'un examen attentif nous montre que l'expérience répétée suffit à expliquer la formation des idées. Certes la perception unique d'une table ne me permet pas d'en forger l'idée mais il en va tout autrement lorsque cette perception se répète. Ainsi, l'exercice des sens joint à l'habitude permet d'expliquer la formation de mes idées. Cette thèse est celle de Hume.

Pour Hume, la connaissance dérive donc toute entière de l'expérience sensible. Nos perceptions se classent en deux catégories :

  • Les impressions ou perceptions vives comme les sensations ou les émotions
  • Les idées qui sont des images affaiblies des impressions

Mais comment pensons-nous ? L'association des idées résulte de l'habitude née de l'expérience. Nos idées s'associent selon des lois un peu comme en physique les faits naturels sont régis par des lois d'attraction. Les représentations s'appellent les unes les autres sans que nous le voulions.
Mais comment comprendre la causalité ? Il ne suffit pas que je perçoive des successions pour en conclure un enchaînement de cause à effet. Si, par exemple, je sors de chez moi et qu'à ce moment précis il se met à pleuvoir je ne peux en conclure que ma sortie est la cause de la pluie. C'est du reste un des arguments des intellectualistes contre l'empirisme. Certes, répond Hume, d'une succession isolée je ne peux en effet conclure nulle loi de causalité mais il n'en est pas de même si la succession se répète un très grand nombre de fois. L'habitude associe alors les deux idées et la cause n'est rien d'autre qu'un "antécédent constant".
On rétorquera que ce n'est pas parce que deux faits se sont toujours succédés qu'ils se succèderont toujours. Qui m'assure que la liaison de cause à effet que j'ai établi est véritablement nécessaire ? Rien ! Et c'est du reste pourquoi la thèse de Hume aboutit effectivement au scepticisme. Mais il ne s'agit pas d'un scepticisme qui conduirait à suspendre toujours son jugement. Hume veut seulement souligner les limites de l'intelligence humaine. Nous sommes réduits à la croyance. Si certaines croyances sont utiles (celles qui conduisent l'action), d'autres sont de purs produits de mon imagination : c'est le cas de nos croyances métaphysiques (Dieu, l'âme, le monde) car dans ce domaine la connaissance est impossible. En politique, seule la coutume et l'utilité légitiment le pouvoir sans aucun principe rationnel.
L'empirisme sceptique de Hume influencera fortement la pensée kantienne.

Les principales œuvres.

  • Traité de la nature humaine (1740)
  • Essais moraux et politiques (1741)
  • Enquête sur l'entendement humain (1748)
  • Histoire naturelle de la religion (1757)
  • Dialogues sur la religion naturelle (posthume)

Index des auteurs