Plotin

La philosophie de Plotin se fonde sur une nouvelle lecture des œuvres de Platon et en particulier de ce dialogue difficile qu'est le Parménide. Plotin est considéré comme le philosophe le plus important du néoplatonisme, courant philosophique dans lequel se classent aussi Porphyre, son disciple, Jamblique et Proclos.

Sommaire

Les sources de sa pensée.

La vie de Plotin

Apport conceptuel.

Principales œuvres.

Les sources de sa pensée.

La source essentielle est, nous l'avons dit, une relecture de Platon. On notera aussi une influence du mysticisme oriental et du christianisme, très présents à Alexandrie, centre culturel très important à l'époque où Plotin y vécut.

La vie de Plotin.

Plotin n'aimait guère les biographies. Ce qui comptait à ses yeux était la pensée, aussi ne nous livra-t-il que peu de choses sur sa vie. Ce que nous savons se trouve, pour l'essentiel, dans la biographie écrite par son disciple, Porphyre.
Il naît en 205 à Lycopolis, en Haute Égypte. Il vient à Alexandrie alors qu'il est âgé de 28 ans et suit les leçons d'Ammonios, un platonicien. Il reste son disciple pendant onze ans. Nous ne connaissons rien de la philosophie d'Ammonios car il ne nous reste de son œuvre que quelques fragments mais nous savons que les contemporains de Plotin lui reprochaient de copier servilement son maître. Il nous est difficile de trancher sur ce point.
À 39 ans, Plotin s'engage dans l'armée de l'empereur Gordien III, afin d'étudier la sagesse des Perses et des Indiens. Mais Gordien n'étant pas Alexandre, il subit rapidement une défaite et meurt assassiné. Plotin sauve sa vie de justesse et se réfugie à Antioche puis s'établit à Rome où il ouvre une école c'est à dire un cours public qui attire les hommes et les femmes cultivés de l'époque. Il mène une vie austère mais est accueillant aux jeunes gens et sait être de bon conseil. L'empereur Galien admirait Plotin et ce dernier lui aurait proposé de fonder une ville destinée aux philosophes, Platonopolis, où l'on pourrait vivre selon les lois de Platon. Galien en fut d'accord mais le projet échoua en raison de la jalousie de certains proches de l'empereur.
En 268, Plotin renonce à poursuivre son enseignement, selon certaines sources à cause du départ de ses deux meilleurs disciples, selon d'autres en raison d'une grave maladie de peau. Il se retire en Campanie où il meurt en 270.
Plotin a longtemps hésité à écrire. Il s'y résout vers l'âge de 50 ans et, pendant 15 ans, rédige un résumé de ses leçons orales. Presque aveugle, il est obligé de dicter ces textes écrits d'un seul jet. Porphyre hérite de ces notes et les réorganise de façon à obtenir 54 traités, classés en 6 groupes de 9 qu'il publiera, en 301, sous le titre Ennéades (du grec enneas qui signifie "neuf"). L'ordre suivi par Porphyre n'est nullement l'ordre chronologique de composition. Cette œuvre nous est parvenue intégralement.

Apport conceptuel.

Selon Plotin, le monde intelligible est formé de trois hypostases ou substances, l'Un, l'Intelligence et l'Âme :

  • L'Un : c'est la réalité suprême, le Dieu de Plotin. Ce n'est pas la connaissance puisque celle-ci suppose un sujet connaissant et un objet connu et donc deux termes, mais ce n'est pas non plus l'Être mais la source de l'Être. Plotin l'appelle aussi le Bien ou le Premier. On ne peut rien dire de l'Un (sinon qu'il est Un), tout au plus peut-on dire ce qu'il n'est pas (d'où le terme de théologie négative attribué à la philosophie de Plotin). Il est pourtant ce qui assure la cohésion de toutes choses. Il est source de tout. Il ne désire rien (car le désir est un manque et il est plénitude) mais, parce qu'il est parfait, générosité sublime, il tend à engendrer d'autres êtres qui en sont l'émanation.
  • L'Intelligence (l'Esprit, l'Être) : c'est l'être intelligible de Platon. C'est l'unité multipliée au sens où il y a plusieurs idées mais, ensemble, ces idées forment un tout unifié. L'Intelligence est principe de toute justice, de toute vertu, de toute beauté. Elle rend la réalité cohérente et harmonieuse. L'Intelligence contemple l'Un et engendre la troisième hypostase.
  • L'Âme : elle est la médiation entre l'Intelligence dont elle procède et du monde sensible qui en émane. L'Âme est une sorte de mouvement mais un mouvement logique, rationnel, organisateur. Elle crée un monde ordonné et se divise en âmes individuelles (celles des hommes, des animaux et des plantes). L'âme humaine est donc une parcelle de cette Âme engendrée par l'Intelligence contemplant l'Un. Autant dire que chaque âme est une parcelle de Dieu, que Dieu est donc présent en chacun de nous. Le monde matériel est le point ultime de la diffusion divine.

Il faut bien voir qu'il existe une sorte de mouvement d'aller et retour entre le sommet et la base. Chacune des hypostases engendre par émanation vers le bas. Le processus unifié par lequel l'Intelligence procède de l'Un, l'Âme procède de l'Intelligence et le monde procède de l'Âme, Plotin l'appelle procession. L'Un s'y disperse et s'obscurcit progressivement vers le multiple. Mais, en même temps, chaque élément (à l'exception bien sûr de l'Un) se retourne vers son principe, contemple vers le haut, mouvement que Plotin appelle conversion. Ainsi, le but de chaque élément est de reconquérir l'Unité, de s'éclairer. Le but de l'âme humaine, qui est tombée dans l'obscurité du corps et du mal, est de s'élever jusqu'au principe premier, jusqu'à l'Un. Nous devons tendre à le connaître, à nous fondre en lui. Pour cela, il faut se dépouiller de la vie des sens et atteindre l'extase où l'individu ne fait plus qu'un avec Dieu. L'extase semble ne pas être accessible à tous mais seulement aux musiciens, aux amants (quand ils oublient la beauté des corps pour la beauté incorporelle) et aux philosophes.

Les principales œuvres.

Les Ennéades, ouvrage publié après la mort de Plotin par son disciple Porphyre.


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