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Berkeley

Il est l'auteur d'une théorie originale qu'il appelle "immatérialisme" et qu'on appellera plus tard "idéalisme". Son dessein est essentiellement de s'opposer au scepticisme et à l'athéisme.

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Les sources de sa pensée.

La vie de Berkeley

Apport conceptuel.

Principales œuvres.

Les sources de sa pensée.

Il prolonge et radicalise l'empirisme de Locke mais son projet est surtout apologétique c'est-à-dire qu'il s'agit avant tout de conforter et de démontrer l'existence de Dieu contre l'athéisme et le scepticisme qui se développent à cette époque. Il s'oppose à Newton. On trouve aussi chez Berkeley une aspiration néoplatonicienne.

La vie de Berkeley

Il naît à Thomastown (près de Kilkenny) en Irlande d'une mère irlandaise et d'un père appartenant à la petite noblesse anglo-irlandaise récemment installée en Irlande.
Il fait ses études, d'abord au collège de Kilkenny puis, à partir de 1700 au Trinity College de Dublin où il connaît la pensée de Locke. Reçu bachelier es arts en 1704, il devient fellow (c'est-à-dire chargé de cours) en 1707 au Trinity College où il enseigne d'abord le grec, puis l'hébreu et la théologie. Il entre dans les ordres en 1709. Cette même année, il publie l'Essai pour une nouvelle théorie de la vision où il critique l'optique géométrique et pose les bases d'une métaphysique originale. En 1710 est publié son Traité sur les principes de la connaissance humaine où sa thèse fondamentale, l'immatérialisme, est défendue : la substance matérielle n'existe pas. L'ouvrage est assez mal accueilli. En 1713 paraissent les Dialogues entre Hylas et Philonous, version populaire du Traité sur les principes. Il écrit des articles contre le libre penseur Arthur Collins dans le journal The Guardian.
Il part en voyage en Italie (1714, 1716-1721), rédige à Lyon le De Motu où il critique l'espace, le temps et le mouvement absolus de Newton. En 1724, il abandonne ses fonctions universitaires. Archevêque de l'église anglicane, il a des projets missionnaires : il veut fonder un collège aux Bermudes pour éduquer les colons américains et indiens. Il obtient d'abord quelques soutiens financiers privés et espère une subvention du gouvernement de Londres. Il part juste après son mariage (en 1728), accompagné de son épouse, pour le nouveau monde.
Il s'installe d'abord à Newport où il mène une vie paisible, prêchant la tolérance, dans l'attente de sa subvention. L'argent espéré lui étant finalement refusé, il décide de rentrer à Londres en 1731.
Il publie en 1732 Alciphron ou le Petit Philosophe, ouvrage écrit lors de son séjour à Newport, en 1733 la Nouvelle théorie de la vision défendue et expliquée, en 1734 L'Analyste et en 1735 Défense de la libre pensée en mathématiques.
En 1735, il est nommé évêque anglican de Cloyne. Il ne quittera plus guère son évêché. Lors d'une épidémie, en 1740, il soigne ses fidèles avec l'eau de goudron, remède employé par les Indiens contre la petite vérole. Il publie en 1744 la Siris, ouvrage où l'eau de goudron lui inspire des réflexions sur la nature, la Providence et Dieu.
En 1752, il accompagne son fils à Oxford, ville où il meurt en janvier 1753

Apport conceptuel.

L'immatérialisme de Berkeley repose sur l'idée qu'il n'existe que deux types d'existence : celle des idées, passives et dépendantes, et celle des esprits qui sont actifs, Dieu étant l'esprit suprêmement actif, créateur de tout le reste. Contre Locke et Newton qui défendaient l'idée de corpuscules matériels, Berkeley refuse l'existence des substances matérielles, quelles qu'elles soient. Seuls les esprits actifs supportent les idées sans que rien de matériel n'existe au-delà. C'est pour lui le moyen de prouver l'existence de Dieu car, si rien de matériel n'explique l'existence de nos idées, leur cause ne peut être qu'en Dieu.
Déjà Locke avait soutenu que les idées des qualités secondes (par exemple l'idée de chaleur, de couleur, de son etc.) ne ressemblent en rien à ce qui existe dans le monde mais sont seulement l'effet des particules sur nos sens. Seules les idées des qualités premières (par exemple l'idée de solidité, de forme, de dimension) ressemblent aux choses qui existent dans le monde matériel.
Berkeley soutient qu'en réalité toutes nos idées sont relatives à nos sens. Ce n'est pas seulement la couleur ou l'impression de chaleur qui varient selon la position de l'observateur ou de son état d'esprit mais aussi la forme et la dimension des choses. Autrement dit les qualités premières ne sont pas différentes des qualités secondes. Mais Berkeley va plus loin encore : la seule réalité des choses est d'être perçue (esse est percipi c'est-à-dire être c'est être perçu). Alors que l'esprit a tendance à croire que les qualités sensibles doivent forcément appartenir à quelque substance matérielle, Berkeley répond que les choses ne sont qu'une "collection d'idées". Qu'est-ce, par exemple, qu'une pomme sinon un ensemble de formes, de couleurs, d'odeurs ? Nous nommons "pomme" un ensemble de qualités sensibles que l'expérience nous montre toujours réunies mais il n'est nul besoin de supposer pour autant qu'existe, derrière ces qualités, une substance sous-jacente.
Déjà en ce qui concerne les idées produites par l'imagination nous savons avec évidence qu'elles sont produites par l'individu sans correspondance matérielle. On pourrait certes objecter que nos perceptions des objets ne procèdent pas de notre libre volonté, qu'elles persistent contre notre volonté : je ne choisis pas de voir cette table, ce stylo etc. Berkeley répond qu'effectivement l'esprit n'en est pas l'origine mais Dieu. C'est Dieu, responsable de l'ordre de la nature, qui m'envoie les perceptions. Les idées ne peuvent exister sans Dieu à partir du moment où on nie l'existence de la matière tout en affirmant que les idées viennent des sens et, dès lors, l'athéisme devient impossible.
Curieusement la philosophie de Berkeley est un réalisme excluant tout scepticisme. Il rejette certes toute existence de choses cachées sous nos représentations, tout matériel transcendant le perçu, mais cela ne signifie pas une négation des choses pour peu qu'on veuille bien admettre qu'exister ne signifie rien d'autre qu'être perçu. Berkeley ne doute pas du témoignage des sens. Il faut accepter le donné tel qu'il est. Dieu n'est pas trompeur. L'apparence est la vraie réalité. Ce qui existe c'est ce que nous touchons, voyons, entendons. Qu'il n'y ait rien d'autre caché derrière, au fond ne change rien. Le cheval est toujours dans l'écurie, la fleur dans le vase etc. Rien n'en est changé et nous aboutissons à un réalisme naïf qui ne considère nullement le sensible comme trompeur.
La conséquence de l'immatérialisme sur la connaissance scientifique est que, puisque les qualités sensibles (les objets sensibles) autour de nous sont passives, elles ne peuvent exercer d'action les unes sur les autres. En ce sens il n'y a pas de causalité physique mais uniquement des successions dont l'activité de Dieu seule est à l'origine. Berkeley récuse l'idée d'un espace absolu (qui n'a effectivement plus de sens sans l'existence de la matière) parce que "l'âme n'est pas dans le monde mais le monde est dans l'âme". De même le temps n'est pas un absolu. Le seul temps est un temps perçu "plus long dans la douleur que dans le plaisir".
La nature est donc le langage par lequel l'esprit divin nous parle.

Les principales œuvres.

  • Essai pour une nouvelle théorie de la vision., 1709
  • Traité sur les principes de la connaissance humaine, 1710
  • Dialogues entre Hylas et Philonous, 1713
  • Alciphron ou le Petit Philosophe, 1732
  • Nouvelle théorie de la vision défendue et expliquée, 1733
  • Défense de la libre pensée en mathématiques, 1735
  • Siris, 1744


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