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Ecrivain, journaliste, professeur, il fut le philosophe quasi officiel de la Troisième République. Parce que sa plume est aisée, parce qu'il se nourrit de la pensée de ses grands prédécesseurs, on l'a parfois dit superficiel ou on a cru que rien de nouveau n'était à découvrir dans ses livres. Pourtant sa pensée est plus profonde qu'on ne croit. Il invente un nouveau genre littéraire : les propos. |
Sommaire
Les sources de sa pensée.
La vie d'Alain
Apport conceptuel.
Principales uvres.
Les sources de sa pensée.
Sa rencontre avec Jules Lagneau (1852-1894) dont il fut l'élève l'influença profondément mais il se nourrit aussi des uvres de Platon, Descartes, Kant, Hegel, Auguste Comte.
Journaliste et professeur, il médita sur l'histoire, la politique, la guerre etc.
La vie d'Alain
Emile Chartier (il adoptera plus tard le pseudonyme d'Alain) naît en Normandie, à Mortagne-au-Perche, en 1868. Il est le fils d'un vétérinaire.
Elève de Jules Lagneau au lycée de Vanves, il entre ensuite à l'Ecole Normale Supérieure de la rue d'Ulm et devient agrégé de philosophie en 1892. Jusqu'à sa retraite il enseigne dans le secondaire, notamment au lycée Henri IV où il sera professeur de Khâgne (il se méfiait des "importants" qui poursuivent "carrière" et préférait l'enseignement secondaire).
Par son rôle de professeur, de chroniqueur (ses articles furent publiés à partir de 1903 dans les journaux et revues : ce seront les fameux Propos), son engagement dans le radicalisme politique, il a exercé une grande influence sur plusieurs générations d'écrivains, de journalistes, de philosophes.
Pendant la guerre de 1914, Alain s'engage comme soldat de 2ème classe et devient artilleur. De cette expérience sortira Mars ou la guerre jugée. Citons, parmi ses oeuvres, Le système des Beaux Arts (1920), Les Idées et les Ages (1927), Propos sur le bonheur (1928), Idées (1932), les Eléments de philosophie (revus en 1940). Il meurt en 1951.
Apport conceptuel.
La philosophie d'Alain n'est pas un système. Il s'agit plutôt de se situer à l'origine de la philosophie elle-même, de poser les questions premières à la manière des premiers philosophes, quand tout était encore à accomplir. La philosophie sera alors initiatrice, critique. Il s'agit de soumettre le réel et surtout l'existence à la pensée, de refuser les préjugés, l'opinion.
Fidèle à Descartes, il identifie la pensée et la conscience et nie l'existence d'un inconscient psychique. Aux yeux d'Alain, l'hypothèse freudienne est en effet une illusion car tout ce qui ne relève pas de la conscience doit être ramené aux mouvements du corps. Croire en l'inconscient, c'est se tromper sur soi-même et surtout se chercher des excuses, nier notre liberté. En effet, si le corps reste toujours maîtrisable par la conscience, il n'en est pas de même de l'inconscient freudien. Croire en l'existence de l'inconscient, c'est donc essayer d'échapper à ses responsabilités en niant sa liberté. Certes, nous pouvons avoir des " pensées de demi-jour ", comme par exemple se tenir debout, marcher etc., mais elles renvoient à des habitudes, des montages du corps qui restent contrôlables. Notre corps a été instruit par notre conscience. L'enfant qui apprend à marcher contrôle très consciemment ses gestes et, si la marche devient inconsciente, c'est parce qu'elle a d'abord été très consciente. La pensée véritable est une pensée attentive, la pointe extrême de notre conscience, totalement transparente à elle-même.
Journaliste, Alain fut aussi un penseur de la politique. Il faut que les citoyens exercent un contrôle sur le pouvoir grâce à leurs représentants élus. Le pouvoir tend toujours à la tyrannie parce qu'il est adulé. Les puissants aiment leur puissance et l'abus du pouvoir est le fruit naturel du pouvoir. " Tout peuple qui s'endort en liberté se réveillera en servitude " et Alain ajoute : " Le tyran peut être élu au suffrage universel et n'être pas moins tyran pour cela. Ce qui importe n'est pas l'origine des pouvoirs, c'est le contrôle continu et efficace que les gouvernés exercent sur les gouvernants. " Tout État conjugue monarchie, aristocratie et démocratie. Si l'exécutif doit être monarchique (car ses décisions exigent de la rapidité), le législatif aristocratique (il faut discuter les lois en groupe), le pouvoir de contrôle doit être démocratique. Le peuple doit avoir le droit de déposer ses dirigeants immédiatement s'ils ne conduisent pas les affaires selon l'intérêt du plus grand nombre. En ce sens tout peuple a la responsabilité de sa liberté car il faut avoir le courage de " rompre les chaînes du consentement qui sont les vraies chaînes. "
En ce qui concerne la morale, Alain reprend les grands principes de la philosophie de Kant : l'idée de dignité humaine, d'universalité du devoir. Il faut vivre selon l'esprit et se référer à la liberté et à la dignité.
Les principales uvres.
- Propos (1908-1919)
- Système des beaux-arts (1920)
- Les Idées et les âges (1927)
- Propos sur le bonheur (1929)
- Idées (1932)
- Eléments de philosophie (1940)
Index des auteurs